Pourquoi les syndicats du Bio attaquent-ils le label HVE ?
L’orage gronde dans les terroirs où les risques de grêles juridiques se font menaçants. Différents syndicats du bio reprochent au label HVE de tromper le consommateur. Le conseil d’État est saisi, pour trancher.
Le label Bio et la Haute Valeur Environnementale, c’est quoi ?
Les deux labels ont pour mission d’encadrer la valorisation des produits agricoles, dans le respect de l’environnement. Ils sont encadrés par les services publics, en étant soumis à des audits réguliers par des instances de certification.
Le Bio est une signature officielle de l’agriculture biologique, dont la portée est européenne. De la production à la commercialisation, toute la filière est inféodée à des règles dites « positives ». Ainsi, tout ce qui n’apparait pas dans le cahier des charges est prohibé. Le label bio est attribué à un produit, lorsqu’il répond à toutes les exigences requises.
Le cahier des charges du label HVE porte sur l’ensemble de l’exploitation agricole. Il s’agit ici de raisonner les pratiques culturales, de préserver l’environnement et de mesurer la performance d’une exploitation selon trois niveaux croissants d’exigences (HVE 1-2 ou 3). Un logo permet d’identifier les produits issus d’exploitations HVE.
Quels bénéfices pour le consommateur ?
La production biologique atteste d’une excellence environnementale, particulièrement par la mise en place de pratiques prohibant l’utilisation de produits chimiques de synthèse et d’OGM. Seuls des produits dits de « contact », comme le soufre et le cuivre, sont utilisés pour protéger la plante de maladies. Déposés sur les feuilles, ils sont lessivables en cas de pluie. En bio, on parle aussi de travail mécanique du sol, d’apports d’engrais organiques eux-mêmes certifiés, de biodiversité, de bien-être animal.
La certification HVE atteste de pratiques culturales décrites permettant d’atteindre un niveau d’excellence environnementale. Cela se traduit par l’atteinte de seuils de performance (obligations de résultats) dans 4 domaines : en matière de biodiversité (présence de haies, des bandes enherbées, des bosquets…), de stratégie phytosanitaire, de gestion de la fertilisation et de l’irrigation. Le HVE autorise l’utilisation de produits phytosanitaires de synthèse, pouvant pénétrer dans les feuilles (les produits pénétrants) et ceux circulant dans tout le système de la plante, jusqu’aux racines (les systémiques).
Ces notions sont parfois méconnues des consommateurs.
Mais alors, que reproche-t-on au label HVE ?
La Fédération nationale de l’Agriculture biologique (FNAB) reproche au HVE d’informer le consommateur de façon erronée. En effet, ce label est censé conduire ses cultures avec les « pratiques les plus exigeantes ». Et si les usages de pesticides de synthèse sont limités, ils ne sont pas pour autant interdits. Le HVE est donc un mode de culture raisonné, mais pas le plus engagé pour la santé du consommateur et le respect de la nature.
Pour faire simple, ce n’est pas de l’Agriculture Biologique.
Il y aurait aussi d’autres raisons alimentant le litige. L’une de celles avancée par les détracteurs serait la perte de performance du marché du bio. Lorsque les parts de marché dans les linéaires fondent de 10% en deux ans, il faut trouver des responsables.
A cela s’ajouterait une augmentation de la concurrence due aux autres pratiques soucieuses de l’environnement et par les productions locales. Cerise sur le gâteau, le label HVE ouvre à la voie à l’obtention d’éco-régimes, des aides européennes centrés sur la défense de l’environnement.
Pour la FNAB, le HVE serait donc un label créant une concurrence déloyale, quand bien mêmes ses intentions de s’engager dans une voie de progrès écologique sont réelles.
Ce n’est pas bio à voir, tout ça !
En résumé, le label bio se positionne sur une très haute exigence environnementale, garantissant l’absence d’utilisation de pesticides de synthèse, tels les pénétrants et les systémiques. Ses pratiques bien cadrées, permettent d’obtenir le précieux label sur les produits récoltés, transformés et distribués.
Le HVE ne prétend pas atteindre un tel objectif, il se concentre sur les performances de l’exploitation, avec des intentions de progrès écologique.
Chacun vise à favoriser des pratiques agroécologiques différentes et complémentaires, à la fois. C’est la raison pour laquelle des agriculteurs déjà certifiés en bio demandent la certification HVE, pour valoriser les efforts de performance réalisés dans leur exploitation.
La voie de conciliation ne serait-elle pas de créer un troisième label, par exemple, un référentiel Haute Valeur Biologique (HVB)? Il apporterait à la fois une démarche de progrès dans la gestion de l’entreprise et marquerait une intention d’aller vers une culture plus compatible aux besoins environnementaux, qu’est le bio.
Ce qui tendrait peut-être aussi vers la création d’une relation plus écologique, entre les acteurs du monde agricole.
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— ‘ HVE’… ça sent un peu l’arnaque ! Les 3 mots sont forts et porteurs de sens mais non appliqués dans les faits, car utilisation de produits phytosanitaires douteux .
— ‘HVB’ ? Pas utile car entre le Bio et le non bio , il existe déjà le concept d’’agriculture raisonnée »…